Existe-t-il une vie souterraine à Paris ?

« Vous ne vous rendez pas compte de tout ce qu’il peut y avoir sous les trottoirs ! s’exclame Michel Serrault dans la comédie de Pierre Tchernia Les Gaspards (1974), délicieuse initiation aux arcanes du sous-sol parisien. Il s’en passe des choses là-dessous… J’ai vu des hommes qui travaillaient dans une galerie. J’ai vu une femme sur une échelle qui cueillait des poireaux. » Sans aller jusqu’au poireau, la nature et les hommes ont droit de cité sous Paris.

Que trouve-t-on sous nos pieds à Paris ?
On a longtemps cultive le champignon dans nos sous-sols. Les 330 000 arbres des bois et des jardins, 100 000 le long des rues, plongent leurs racines sous la terre et le macadam. Les fleurs des champs et les herbes folles pointent dans le moindre interstice. Une colonie de pipistrelles dort au plafond d’un tunnel désaffecté de l’ancien chemin de fer de Petite Ceinture. Des taupes, des lapins, des renards creusent leurs terriers. Des campagnols, des
souris, des rats – évalués à trois par Parisien, soit au bas mot quatre millions – trottent partout. Quant au grillon domestique, chassé des maisons mais encore observé
dans le métro au début des années 1990, « il semble, dit l’Atlas de la nature à Paris, qu’il ait définitivement disparu suite à la très longue grève nationale des transports (SNCF, RATP) […] du 23 novembre au 19 décembre 1995. Celle-ci a en effet privé cette espèce de l’essentiel : chaleur, éclairage et nourriture abandonnée par les usagers ».
L’eau abonde. La nappe phréatique est peu profonde, de – 4 à -10 m. C’est là que s’abreuvaient, jusqu’au XIXe siècle, les puits implantés dans chaque maison. On trouve aussi une nappe très profonde, dite eau de l’Albien, à -500 m, qui alimentait au XIXe siècle cinq puits artésiens dont l’eau jaillissait jusqu’à 80 m au-dessus du sol. Actuellement, trois fontaines distribuent cette eau, légèrement minéralisée et ferrugineuse, place Paul Verlaine (13e), square de la Madone (18e) et square Lamartine (16e) où les «eaux de Passy» étaient aux XVIIIe et XIXe siècles consommées en cure thermale.
Ces fontaines sont gérées par le Service de l’Eau de Paris qui contrôle aussi, avec ses 920 employés, les 1 990 km de conduites d’eau potable, 1 600 km d’eau non potable et les cinq réservoirs, dont trois dans Paris : Les Lilas, Ménilmontant et Montsouris. Bien d’autres réservoirs moindres parsèment la capitale, notamment pour les pompiers, parmi lesquels le fameux réservoir de l’Opéra Garnier qui inspira à Gaston Leroux son Fantôme de l’Opéra (1909) et où, dit-on, sont élevés aujourd’hui des poissons.

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