La place Vendôme, de Louis XIV à Coco Chanel

Étonnamment, l’une des plus belles places royales de Paris est depuis deux siècles placée sous la protection de l’Empereur Napoléon dont la statue domine une colonne monumentale. L’histoire de ce lieu, connu à travers le monde, résume à lui seul celle de la capitale.
Par Georges Poisson

Qu’est-ce qu’une « place royale » ? Un ensemble urbain conçu par un souverain et magnifié par la statue de ce dernier ? En réalité, il s’agit d’une expression du langage de l’urbanisme, à la signification bien précise : bâtiments d’architecture semblable, disposés sur plan géométrique et accompagnés de la statue du roi. Formule d’origine italienne : un univers clos séparé de l’agitation urbaine et placé sous l’égide du culte monarchique. Création vouée au succès dans toute l’Europe et dont les premiers exemples parisiens sont dus à Henri IV : carré pour la place Royale, triangle pour la place Dauphine. La première sembla une telle nouveauté que son nom, remplacé plus tard par celui de place des Vosges, devint commun, servant désormais à désigner cette formule urbanistique. Le règne de Louis XIII acheva les deux places en les flanquant de deux statues monumentales : Henri IV sur le Pont-Neuf et Louis XIII place Royale, commandées à des artistes italiens, les Français ne s’étant pas encore attaqués aux fontes monumentales : avec ces deux statues, la sculpture équestre s’introduisait en France.

Sous le règne de Louis le Grand

La première place royale élevée sous Louis XIV le fut par un soldat courtisan affirmé, le maréchal de La Feuillade, qui créa dans les quartiers nord une place ronde, la place des Victoires (1685), entourant un monument à Louis XIV. L’ordonnance, dessinée par Jules Hardouin-Mansart, a malheureusement été éventrée sous Haussmann, mais du monument subsistent au Louvre les superbes figures de bronze de Desjardins qui entouraient le socle. Mais c’est Louvois qui conçut la plus célèbre place royale parisienne. Le quartier situé au nord de la rue Saint-Honoré était encore peu bâti : on y trouvait des couvents et un somptueux hôtel à façade à colonnes, propriété de César de Vendôme, fils naturel d’Henri IV. Le nom de ce personnage oublié s’est jusqu’à nous implanté dans ce lieu.

De concert avec Jules Hardouin-Mansart, le ministre eut l’idée d’acquérir l’hôtel et les terrains voisins pour créer une place monumentale en bordure de laquelle seraient installées la Chancellerie, les académies, la Bibliothèque royale. À plusieurs reprises dans l’histoire de Paris voit-on naître l’idée d’un quartier administratif, qui manquait à la capitale et lui manque encore. La place nouvelle serait nommée « des Conquêtes » et s’ornerait au centre de la statue du roi. Le marché fut conclu le 4 juillet 1685 pour la somme de 600 000 livres, plus un pot de vin de 60 000 livres, dont nous ignorons la destination. […]

Retrouvez l’intégralité de l’article dans le n°1 de Paris, de Lutèce à nos jours, en vente en ligne sur boutique.soteca-editions.fr.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *