Camille Corot et ses amis

“Le chemin de Sèvres”, volé au Louvre il y a quinze ans, n’était pas seulement un des chefs-d’oeuvre du musée, il était aussi l’un des jalons de l’itinéraire de l’amitié. Quant on demandait à Camille Corot (1796-1875) ce qui comptait le plus pour lui, après la peinture naturellement, une seule réponse fusait aussitôt : « L’amitié ! » Son exclamation n’avait rien d’une boutade et, à l’égard de l’art pictural, on peut dire que Corot pratiqua l’art de l’amitié et qu’il ne cessa jamais de les mêler étroitement l’un et l’autre.

par Marie-Hélène Parinaud, Docteur en histoire

Aujourd’hui, lorsque les amateurs admirent les oeuvres du grand paysagiste, caressant de l’oeil ses sous bois ombreux, cernés des brumes d’un étang envahi par l’obscurité d’un jour finissant, ils manquent rarement de souligner que les appellations des lieux résonnent comme un rappel romantique supplémentaire.

Ils égrènent les noms de Mortefontaine ou de l’Isle-Adam comme autant de lieux mythiques, mots de passe évocateurs d’un paradis à jamais perdu. Mais combien savent que derrière chacun de ses paysages se trouve le nom d’une famille amie. Sous un Corot de légende et de légendes, jeux de mots, aphorismes, surnom de « Saint-Vincent de Paul des Artistes », le vrai Corot se cache solitaire et pudique, dont l’amitié livre l’une des clefs de sa personnalité et de son art. Un artiste avide d’affection Toute sa vie, Corot a créé et peint au sein d’un cercle d’amis et d’admirateurs. Lui qui disait que « l’inspiration venait du coeur » ne pouvait se passer de ces réserves d’affection. De fait, son parcours artistique se marie avec celui de ses multiples liens amicaux. Il ne cessa de voyager en province, passant de la Normandie à la Bourgogne, de la Bretagne au Limousin. Très régulièrement, il était accueilli chez un fidèle, souvent peintre luimême ou amateur et fervent collectionneur. Après avoir fêté les retrouvailles avec ses amis, il s’empressait de planter son chevalet dans les champs ou les bois environnants.

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