Daniel Dunglas Home, le spirite de Napoléon III

Pour aussi mince qu’elle soit, l’anecdote suivante ouvre de curieux aperçus sur ce qu’on est accoutumé à nommer les « dessous de l’Histoire ». Son héros, Daniel Dunglas Home fut l’un des hommes les plus étranges de la fin du XIXe siècle. Était-il un authentique nécromancien, un habile prestidigitateur ou, plus probablement, un espion international ? À moins qu’il n’ait joué ces trois rôles ? En tout cas, il a eu une destinée hors pair, s’achevant par un drame atroce… La curieuse aventure relatée ci-dessous ne prouve que trop que, pour pénétrer dans l’intimité des grands, mieux vaut souvent être charlatan que profond politique.
Bérengère Bienfait, historienne et écrivain

Le 13 février 1857, au début de la soirée, une calèche aux armes impériales s’arrêta devant le 13, rue des Champs-Élysées, l’actuelle rue Boissy d’Anglas. Un jeune homme à la figure avenante, aux yeux bleus, aux favoris blonds, monta dans la voiture. Quelques minutes plus tard, il arrivait aux Tuileries. Un Cent-Gardes le conduisit immédiatement aux appartements privés de Napoléon III. Il ne quitta le château qu’à l’aube. Quel était ce mystérieux visiteur ? Un Écossais, Daniel Dunglas Home, déjà célèbre en Angleterre et aux États-Unis pour ses dons de médium. Le spiritisme, rénové par les soeurs Fox, était alors en pleine vogue. Le couple impérial souhaitait assister à une séance d’évocations. Il dut être satisfait de ce que David Home lui montra, puisque le nécromant fut rappelé souvent, soit aux Tuileries, soit à Compiègne.

Reçu en audience par Napoléon III, Daniel Dunglas Home fut « lancé »… La cour et la ville défilèrent chez lui, le suppliant d’organiser des séances de spiritisme. Il fut la grande attraction de l’année. Complaisamment, mais non pas gratuitement, il commandait à ses démons familiers de soulever des tables, de jouer d’une invisible guitare, d’agiter une sonnette argentine. Il donnait aussi des consultations et guérissait. Ainsi, raconte-t-il dans ses Mémoires, le 19 mars 1857, il guérit un enfant de quinze ans, sourd depuis quatre ans, après avoir eu la fièvre typhoïde… Avant d’opérer, Dunglas Home passait en revue ses futurs spectateurs. Il éliminait impitoyablement ceux dont le fluide vital était contraire au sien… Autrement dit les incrédules. Sa réputation fut définitivement assise le jour où, à Compiègne, il métamorphosa le mouchoir de la princesse Mathilde en un énorme scarabée. Mais cette expérience lui coûta tant de peine qu’il tomba en catalepsie, et y resta cinq heures, au dam des médecins de la Maison impériale… […]

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