Jean-Pierre Mocky: « Ma maison de campagne à Paris! »

De sa fenêtre, il a vue sur la Seine et le Louvre… Jean-Pierre Mocky, l’iconoclaste cinéaste français, nous a reçus chez lui quai Voltaire et nous a servi de guide dans son 7e arrondissement de coeur où il a élu domicile en 1983. À l’image de son célèbre habitant, le quartier le plus « vert » et le plus people de la capitale…
Par François Viot

Grande gueule, électron libre du cinéma… les qualificatifs ne manquent pas dans l’abondante documentation sur Jean-Pierre Mocky. À quatre-vingts ans, le sulfureux réalisateur continue de dynamiter le cinéma français. En près de soixante films, il a fait tourner les plus grands acteurs : Michel Serrault, Bourvil, Fernandel, Catherine Deneuve et aujourd’hui encore Gérard Depardieu. Pourtant, l’anti-conformiste habite une adresse très sélect de ce 7e arrondissement anciennement appelé le noble Faubourg Saint-Germain. Au 25 du quai Voltaire, un bel hôtel particulier avec une cour pavée caractéristique des immeubles de ce quartier.

Difficile d’imaginer avec la circulation automobile intense de cet axe parisien que les berges de la Seine étaient jusqu’au XVIe siècle inhabitées. En ce temps-là, l’agriculture est l’activité prédominante de la rive gauche et les Parisiens viennent y respirer l’air pur comme en témoigne le livre Paris VIIe (Éditions Bonneton). Puis les couvents s’y installent progressivement : les Dominicains, les Carmélites suivies des Dames de la Visitation. De vastes hôtels particuliers se construisent : Beaumarchais y possède sa résidence secondaire. Et Voltaire réside au n°27 au début du XVIIIe siècle. Presqu’à contre-coeur… En août 1703, le philosophe écrit à un ami : « Je suis très fâché de voir le faubourg Saint-Germain sans aucune place publique, avec des rues si mal alignées… » (Évocation du Vieux Paris, Jacques Hillairet, Éditions de Minuit). Il y meurt le 30 mai 1778 et donne son nom au quai. Tout un petit peuple de Paris y vit, composé de pêcheurs et de lavandières qui viennent laver dans les eaux de la Seine le linge des bourgeois au Gros Caillou. Par la suite, le Gros Caillou deviendra un lieu de détente et de plaisir. Les Parisiens fréquentent les nombreuses guinguettes avant qu’elles ne migrent au bord de la Marne.

De ce passé récent, l’arrondissement garde un côté bucolique, c’est le plus vert de Paris, et il emploie le plus grand nombre de jardiniers. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les artistes sont nombreux à s’y installer, notamment les peintres quai Voltaire. Ingres habite le 11, Delacroix le 15 qui écrit à un ami en aménageant : « Tu vois que je me rapproche du quartier de la bonne compagnie. » (dans Paris VIIe, déjà cité).

Propriétaire aux 4e et 5e étage d’un vaste duplex de 400 m2, Jean-Pierre Mocky est ici en bonne compagnie. Au mur, les affiches de ses films et quelques meubles qui proviennent de l’hôtel George V composent un décor très spartiate. Mocky préfère investir dans la pellicule et dans la pierre… Comme il le raconte dans son nouveau livre La longue marche (lire encadré page de droite), le petit « Tchéchène » né à Nice nous parle de ce quartier où il a pris racine. Flashback. Nous sommes en 1983…

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