Par David Chanteranne. Rédacteur en chef.
Trois jours après le sacre qui s’est déroulé à Notre-Dame de Paris, Napoléon procède devant l’École militaire à la distribution des emblèmes à ses soldats. Sorte de pendant militaire à la cérémonie religieuse, cette extraordinaire mise en scène est éternisée par la seconde toile monumentale de Jacques- Louis David alors devenu Premier peintre de l’Empereur. À la différence du Couronnement où les maréchaux étaient les seuls représentants de la Grande Armée, ce tableau symbolise la fidélité de la troupe à son chef.
L’Empereur contient son émotion. Sur l’esplanade du Champ de Mars, devant l’École militaire où vingt ans plus tôt le jeune Bonaparte avait fait ses premiers exercices militaires au service de la France, ses hommes l’acclament. Le bâtiment a été, comme la cathédrale auparavant, entièrement habillé par les décors des architectes Percier et Fontaine. Depuis juin 1804 et le choix de l’impérial rapace, les défenseurs du nouveau régime attendent fébrilement leur drapeau, sommé du conquérant de l’azur. Mais ce n’est qu’une image idéale. Car un temps exécrable est au rendez-vous de cette manifestation inaugurale. Six mois ont passé depuis les premières croix aux Invalides puis à Boulogne, et décembre est bien moins favorable à une réunion en plein air. Napoléon doit déplorer le départ précipité de nombreuses personnalités ou dignitaires devant les bourrasques et même les flocons tourbillonnant face à la tribune. Plus de dix ans après cette journée, le 1er juin 1815, au début des Cent-Jours, Napoléon retiendra la leçon et réunira l’ensemble des Français autour de son trône… mais cette fois à la fin du printemps.
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