La politique impériale en Algérie de Naopléon III

Le fameux Royaume arabe que les historiens, y compris les moins bien intentionnés à l’égard de Napoléon III, n’oublient jamais de mettre à son crédit, reste encore aujourd’hui mal connu : certains en ont retenu un grand projet géopolitique qui aurait concerné la Syrie, voire l’Algérie, avec la participation de l’émir Abd el Kader ; d’autres (dont nous faisons partie) pensent que le «Royaume arabe » ne fut ni une formule creuse, ni une utopie, mais bien une politique généreuse et innovante pour une Algérie associée à la France. C’est ce que nous permettent de comprendre les rapports, les articles, les correspondances que nous a laissés Ismaÿl Urbain, cet homme de couleur guyanais, saint simonien converti à l’islam, interprète militaire, que Napoléon III a choisi pour être son interprète pendant son deuxième voyage de 1865 en Algérie, et à qui il a remis lui-même à Mostaganem, la “rosette” de la Légion d’honneur.

par Michel Levallois, historien

Cela n’avait pas échappé à la presse de l’époque : à Bordeaux, le 9 octobre 1852, lors de sa tournée préréférendaire, une semaine avant de se rendre à Amboise annoncer sa libération à l’émir Abd el Kader, le prince président avait évoqué devant les juges du tribunal de commerce et les membres de la chambre de commerce «en face de Marseille, un vaste royaume à assimiler à la France». En qualifiant de «royaume le deylicat d’Alger, l’ancienne régence turque, le prince-président ne faisait que reprendre une formulation usuelle du langage diplomatique et journalistique. Le Journal des débats trois ans plus tôt (le 29 octobre 1847), pour saluer la naissance du journal le Mobacher, avait cité «le roi qui gouverne la France et le royaume d’Alger»

Quelques jours après, dans sa lettre de remerciement à l’Empereur, l’émir ayant promis de ne plus jamais prendre les armes contre la France, il fut de nouveau question d’ériger l’Algérie en royaume. L’Algérie serait un fief dynastique impérial, comme elle avait failli devenir un fief royal sous la Monarchie de juillet : « L’Algérie aurait été plus que jamais étroitement liée à la France. » Des sénateurs vinrent plaider auprès de l’Empereur que l’Algérie étant réunie à la France, elle ne pouvait pas être érigée en royaume et « surtout que l’idée prêtait le flanc au ridicule ». Le projet fut abandonné.

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