Le 4e arrondissement du petit boucher au grand magasin

Situé au cœur de la capitale, le 4e est également nommé l’arrondissement de l’Hôtel de Ville. Il peut s’enorgueillir d’accueillir les prestigieuses îles de la Cité et Saint-Louis.
Par Klervi Le Collen

Lors du redécoupage de Paris par la loi du 16 juin 1859, le nouvel arrondissement récupéra un passé très riche en histoire et d’illustres bâtiments. Chaque pas y est synonyme de découverte.

L’arrondissement de la viande
Sous cette appellation se cache l’histoire d’une profession qui marqua profondément ce territoire. Les noms de rue actuels y font encore référence : Saint-Jacques de la Boucherie, rue Pierre au Lard, impasse du Bœuf, impasse du Cul-de-sac du bœuf… Érigée à proximité du quartier de la Grande Boucherie, l’église Saint-Jacques de la Boucherie – probablement édifiée avant 1060 – a été nommée ainsi au XIIe siècle. Elle empiétait alors sur l’angle nord-est de l’actuel square de la tour Saint-Jacques. Au cours des siècles, elle subit de nombreux travaux de restauration et d’agrandissement, et fut détruite au XIIe siècle.

Le financement de son entretien et de ses travaux était lié à la bonne volonté et aux dons de ses résidents, pour l’essentiel des bouchers. C’est donc en l’honneur de cette confrérie que l’on nomma ainsi l’église. Il faut également noter la générosité du bienfaiteur Nicolas Flamel qui permit de restaurer et d’agrandir certaines parties de l’église. Les réunions des bouchers, mais également des chapeliers et des armuriers, se tinrent désormais dans la chapelle, laquelle devint également un lieu de sépulture très convoité. Sous Charles VI et plus généralement tout au long du Moyen- Âge, leur confrérie était devenue très puissante et riche. On avait adopté le surnom de ce quartier « la Grande Boucherie » par opposition aux petites boucheries qui s’implantaient sur la rive gauche. Cette aire fut privilégiée en raison d’un certain nombre de possibilités et d’avantages qu’elle présentait.

En s’étendant de la Seine à la rue Saint-Denis et jusqu’à la rue Saint-Jacques, elle se plaçait au cœur de la capitale et surtout au centre des échanges rendus plus dynamiques grâce aux axes routiers. De plus, ce lieu privilégié accueillait les animaux assoiffés par la longue marche depuis les champs qui se situaient à l’extérieur de la ville. Ils pouvaient alors se reposer et s’abreuver avant leur terrible fin. La proximité avec l’eau de la Seine permettait en principe l’amélioration des conditions sanitaires. En réalité, on utilisait souvent le fleuve pour y jeter les carcasses d’animaux et tous les déchets. La question de l’hygiène se posa alors quand on imagina ce qui s’y passait et Cette aire fut privilégiée en raison d’un certain nombre de possibilités et d’avantages qu’elle présentait. que l’eau de la Seine, même si elle n’était pas la principale source d’alimentation des Parisiens, était tout de même consommée. Le bâtiment principal du quartier de la Grande Boucherie se situait rue Saint-Denis. Là-bas, on trouvait de la viande fraîche et de bonne qualité, abattue le jour même. On s’empressait d’y aller afin de choisir le meilleur morceau.

La Grande Boucherie était également nommée Boucherie de la Porte de Paris, une aire centrale de la capitale dont la physionomie n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. En effet, la « Porte » désignait la fin d’une petite place qui débouchait sur la rue Saint-Denis, vers l’actuelle place du Châtelet, et qui délimitait la cité de la campagne et des champs abandonnés et marécageux. Aujourd’hui, il est difficile de s’imaginer l’endroit du fait des multiples aménagements réalisés au fur et à mesure des décennies.

Les rues avoisinantes rassemblaient tous les corps de métiers : écorcheurs, tanneurs, parcheminiers, tripiers,… Autour du bâtiment principal, on utilisait les carcasses de ces animaux. Ces professions ont toujours inspiré la littérature puis, plus tardivement, le cinéma. Pourtant, elles ne furent pas toujours appréciées car on les considérait comme barbares. Les bouchers avaient au fur et à mesure acquis de nombreux privilèges car ils nourrissaient les Parisiens, grands consommateurs et amateurs de viande.

Les bêtes étaient pour l’essentiel élevées à l’extérieur de la capitale. Elles bénéficiaient de grands champs, aujourd’hui occupés par les immeubles de banlieue. Une fois arrivés à maturité, les animaux étaient abattus au pied des remparts par des ouvriers payés à la pièce. Cependant, cette activité se déplaça ensuite dans le faubourg Saint-Honoré. En 1476, les charcutiers devinrent une profession à part entière. (…)

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