Les découvertes de Louis Braille

«Que va-t-on pouvoir faire de lui ? Que va-t-il devenir ?» Se demandaient anxieusement les parents Braille en contemplant leur petit garçon de trois ans qui, assis sur son lit, se frottait les yeux avec obstination en ne cessant de dire: «Quand est-ce que ce sera le matin ? Quand est-ce que je verrai le jour ?»
Texte Marie-Hélène Parinaud, Docteur en histoire.

Ses parents, pleurant silencieusement, n’osaient pas lui dire la terrible vérité : «Plus jamais». Le curé de Coupvray, près de Meaux, où vivait la famille Braille, fut consulté. Il suggéra la poterie ; les artisans céramistes travaillaient assis et il ne leur fallait que du doigté pour réaliser un pichet. Il leur prêcha les facilités qu’aurait l’infirme qui ne risquerait pas de se blesser en se déplaçant… Mais les parents savaient bien que ce n’était qu’une base, il aurait fallu à leur enfant l’aide de ses deux yeux pour décorer, émailler les objets qu’il aurait réalisés sur un tour. Sans cela il ne pourrait jamais rentrer dans une manufacture. Les parents Braille songeaient avec désespoir quelle vie de misère se dressait devant leur enfant : «dire qu’il promettait tant...» sanglotait la mère.

En effet, le garçonnet, né en 1809 à Coupvray, petit village de Seine-et-Marne, était exceptionnellement éveillé. Par ses réparties précoces, sa vivacité, il enchantait ses parents, leurs voisins et jusqu’à leurs clients –monsieur Braille était bourrelier– tous étaient amusés et séduits par son babil et ses réflexions continuelles. Quant au physique, le petit Braille voyait parfaitement… jusqu’au jour où, par curiosité, il décida de désobéir.

Malgré l’interdiction de pénétrer dans l’atelier de son père, il s’y glissa, profitant d’une distraction de sa mère, occupée à sa lessive. Il savait pourtant bien qu’il ne devait pas jouer dans l’atelier de son père, car quantité d’outils dangereux s’y trouvaient. Seul son père avait le droit d’y toucher. Mais quelle merveilleuse tentation que de braver un interdit ! Et comment résister lorsqu’on est si petit ? Louis y entra donc, marcha droit à l’établi, saisit de sa menotte maladroite quelques manches d’outils qui dépassaient, les fit tomber, voulut les rattraper et s’enfonça la pointe d’un stylet dans l’oeil. Il hurla ! Chacun accourut. On vit le sang, vite on emporta l’enfant à la maison et faute d’autre produit, on rinça l’oeil à l’eau du puits. […]

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