À l’occasion d’une longue tournée officielle dans l’Empire, du 23 août au 22 septembre 1860, Napoléon III, l’Impératrice et le jeune Prince impérial passèrent par la Savoie et rejoignirent l’ancien comté de Nice à l’aube du 12 septembre, soit l’année même de la ratification du traité de Turin rattachant la province de Nice à la France. La préfecture des Alpes-Maritimes comptait alors 188 784 habitants qui étaient devenus français, compris dans les arrondissements de Nice, de Puget-Théniers et de Grasse. Le périple devait ensuite se poursuivre par Ajaccio et en Algérie.
Par Abel Douay et Gérard Hertault, Historiens
Aussitôt débarqués à Villefranche, accompagnés du maréchal de Castellane, les souverains furent reçus par M. Paulze d’Ivoy, préfet des Alpes-Maritimes, par le maire et la municipalité de Villefranche, tandis que sonnaient les cloches, tonnaient les batteries et que les hussards de Tarascon et un peloton des Cent-Gardes encadraient le cortège. Ils se dirigèrent ensuite en voiture vers Nice empruntant la route de montagne, gravissant le col de Villefranche et traversant sous les acclamations Eze, la Turbie et La Trinité Victor. Sur la place Napoléon toute pavoisée, le maire, François Malausséna, présenta les clefs de la ville à l’Empereur avec les mots suivants : « Sire, voici les clefs de Nice. Ce sont les clés d’une ville dont la fidélité fut de tout temps la noble devise, d’une ville que vous avez comblée de bienfaits qu’elle ne pourra jamais oublier, d’une ville prête au besoin à vous prouver que, si elle aime ses souverains avec transport, elle saurait aussi les défendre au prix de tous les sacrifices. » Après ce discours et cette réception solennelle pleine d’enthousiasme, les acclamations de la foule éclatèrent avec force et spontanéité, témoignant du sentiment des Niçois.
De grandes fêtes présidèrent ensuite les cérémonies deux jours durant, largement commentées dans les journaux locaux, tandis que la Romance de la Reine Hortense accompagnait la foule immense qui ne manquait pas de laisser éclater sa joie. Conformément à l’entrevue de Plombières, les Niçois fêtaient l’union du comté de Nice à la France, fiers de leur riche passé que l’Empereur allait découvrir, trop rapidement sans doute, notamment avec le palais sarde, le vieux château, le théâtre et le pont du Var.
Un séjour triomphal
Étape remarquée, c’est au palais sarde que résida le couple impérial du 12 au 14 septembre 1860. Parcourant la ville parée de mâts vénitiens et de centaines de milliers de lampions, l’Empereur et l’Impératrice, passant sous trois arcs de triomphe, s’y rendirent au milieu des cris et des vivats. Ils reçurent les compliments empressés des jeunes filles – dont la timide fille de Malausséna – puis des fonctionnaires. Du balcon qui donne sur la cour d’honneur, ils assistèrent, dans un enthousiasme collectif, au défilé des députations dont celles des médaillés de Sainte- Hélène. Le soir, le général Fleury, aide de camp de Napoléon, avait organisé un grand dîner qui se tînt en présence des dames d’honneur de l’Impératrice, du maréchal de Castellane, des officiers généraux de la suite de l’Empereur et de nombreuses autres personnalités de l’intelligentsia profrançaise. […]
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