Les Champs-Élysées – Histoire d’une avenue de prestige

Près de quatre siècles après sa création, l’avenue des Champs-Élysées demeure le symbole de la France festive, commerçante et victorieuse. Mais avant de parvenir à cette « vitrine » nationale, cette promenade conçue au temps de Louis XIV a connu de nombreuses vicissitudes, théâtre de drames en tous genres.

Les Champs-Élysées sont nés des Tuileries. C’est pour créer une perspective dans l’axe du Palais-Royal que « Le Nostre » (qui signait ainsi) traça sur instructions de Colbert, en 1667, à travers un paysage de blé, d’orge, d’avoine, de terrains maraîchers, une avenue menant jusqu’à l’égout qui traversait la plaine à hauteur de la rue Marbeuf. Un plan des
Archives nationales, de 1670 environ, illustre le dessein déjà formulé de poursuivre cette percée jusqu’à la Seine. Dès cette année-là, elle se présentait comme un large cours planté d’ormes.

Au siècle des Lumières
En 1710, le duc d’Antin fit jeter un pont par-dessus l’égout : l’avenue poussa alors jusqu’au sommet de la colline, notre Étoile, que Marigny, directeur des Bâtiments, fit aplanir en 1770, menant la perspective jusqu’au pont de Neuilly. L’avenue offrait encore un caractère rustique. Au début du XVIIIe siècle, le marquis de Villette écrit que « cette zone torride et glaciale, ce champ de boue ou de poussière, ce terrain rude et inégal disloquent les plus solides carrosses et anéantissent l’infortuné piéton ».

À partir de la Régence, le couvent de Longchamp acquit sa grande vogue. On y donnait des concerts sacrés « furieusement à la mode » et les mercredis, jeudis et vendredis saints, le pèlerinage déployait une pompe et un luxe inouïs. Pour ramener l’ordre, l’archevêque Christophe de Beaumont fit fermer le chapelle, mais la procession continua, faisant
le tour du couvent. Surtout, en mai, période considérée comme la meilleure pour la floraison, le jardin se civilisait rapidement dans sa partie Est. La promenade s’y ponctuait peu à peu de jeux (boule, longue paume) et voyait naître des « cabarets » abrités sous des tentes ou baraques. On y consommait le lait de vaches suisses paissant sur place, ou de la « limonade de deux espèces ». Le plan Turgot, levé de 1734 à 1739, donne un premier aspect des Champs-Élysées, où des ordonnances protégeaient déjà les premières perspectives.

C’est dans la seconde moitié du siècle que l’avenue, désormais unie à Paris par la place Louis XV (Concorde), devint vraiment une promenade très fréquentée, surtout le dimanche, où restaurants, guinguettes, jeux de boule, manèges, fonctionnaient à plein, attirant promeneurs bourgeois aussi bien que femmes faciles ou malandrins.

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