Les perruquiers du roi

LES PERRUQUIERS DU ROI
© Coll. AKG

Lorsqu’une calvitie précoce contraint Louis XIII, vers l’âge de trente ans, d’adopter un postiche fait de faux cheveux pour conserver la longue chevelure noire qu’il affectionne tant, il n’imagine pas que cette révolution esthétique va constituer un tournant majeur dans l’histoire des apparences ni marquer l’inconscient collectif au point d’élever un simple accessoire vestimentaire au rang de symbole de la monarchie bourbonienne. Le règne de la perruque va durer en effet jusqu’à la Révolution, soit pendant plus de cent cinquante années, longévité exceptionnelle dans le domaine de la mode, futile et capricieuse.
Par Frédéric Ottaviano. Historien.

C’est sous Louis XIV que cet art capillaire est porté à son paroxysme. Le roi conçoit en effet cette esthétique nouvelle comme l’un des instruments participatifs de la structuration extrêmement réfléchie de son personnage qui doit être le plus proche possible de l’idée que l’on se fait d’un roi. Au regard de la part essentielle qu’ils prennent dans cette construction, les perruquiers du roi sont des hommes importants – et cependant méconnus – du règne de Louis XIV. Ces serviteurs dévoués partagent plus que tout autre l’intimité du souverain et peuvent être considérés, au même titre que les Le Nôtre, les Mansart, etc., comme les artisans de la gloire du Roi-Soleil.

Un outil de propagande politique

Comment un jeune roi, de petite taille, à la démarche assez gauche et dont le visage, couturé de petite vérole et au menton un peu proéminent, n’est pas vraiment beau, est-il parvenu à donner cette impression d’énergique fermeté, cette image d’incontestable majesté et de beauté virile que lui reconnaissent ses contemporains unanimes ? Cette mutation physique est le résultat accompli d’une lente maturation qui amène Louis XIV, par un long travail d’appropriation des apparences, à façonner sa propre image pour se donner l’air de grandeur, de gravité et de dignité qu’il juge indispensable au métier de roi, et par-là, inspirer le respect et asseoir son autorité. Préfigurant les théories physiognomoniques de Johann Caspar Lavater un siècle plus tard, le souverain imagine en effet les traits esthétiques comme déterminant la valeur individuelle ; la noblesse d’ordre, associée à la noblesse de nature (courage, force, virilité, tempérance), se mesurant à l’apparence.

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